À l’ère des selfies et du partage permanent sur les réseaux sociaux, un nombre croissant d’adolescents subissent une chirurgie plastique pour modifier leur apparence.
Les procédures cosmétiques chez les adolescents ne cessent de croître
Actuellement, les adolescents ne représentent qu’un très faible pourcentage de toutes les interventions de chirurgie esthétique, les procédures les plus courantes étant la transformation du nez (rhinoplastie), la réduction mammaire masculine (gynécomastie) et la chirurgie de l’oreille (otoplastie).
Les adolescents représentent également un faible pourcentage des interventions esthétiques non chirurgicales, telles que l’épilation au laser, le relissage cutané et les injections de Botox, mais un nouvel article publié dans le numéro de septembre de Plastic and Reconstructive Surgery, avertit que bien que ces procédures soient fréquemment pratiquées sur des adultes avec des effets secondaires minimes, leur exécution sur des adolescents doit être d’une extrême prudence.
Bien qu’une rhinoplastie ou une chirurgie de l’oreille puissent être effectuées en toute sécurité par un chirurgien qualifié et soit, dans de nombreux cas, appropriées pour un adolescent, les interventions cosmétiques telles que l’augmentation mammaire, la liposuccion ou les injections ne sont généralement pas recommandées, d’autant qu’il existe peu d’études sur le sujet permettant d’affirmer une totale sécurité pour une pratique chez les adolescents.
Dans ce cadre, il est inquiétant de constater que l’utilisation de produits injectables pour augmenter les joues et les lèvres chez les jeunes patients a connu une forte augmentation alors qu’il n’y a aucune preuve que ces procédures sont sans danger dans cette population.
Les médias sociaux en partie à l’origine de la hausse
Un nouveau phénomène, appelé « Snapchat dysmorphia » est apparu ces dernières années et alarme les chirurgiens plastiques. Cette tendance désigne les patients qui cherchent une intervention chirurgicale pour les aider à apparaître comme les versions filtrées d’eux-mêmes. En effet, en plus des cornes et des oreilles de chien, Snapchat et Instagram (ce ne sont pas les seuls) offrent des filtres perfectionnés de retouche photo qui permettent d’adoucir le grain de la peau, d’affiner le nez et le visage, d’agrandir les yeux et changer leur couleur, ou encore de pulper les lèvres. Il est également possible de blanchir les dents, supprimer des rougeurs ou des boutons sur la peau et parfaire son bronzage.
Malheureusement, cette tendance peut à cet âge se transformer en un trouble psychologique nommé dysmorphophobie, où le patient est victime d’une obsession excessive pour le moindre défaut d’apparence (bouton d’acné, ride naissante, cicatrice…), le conduisant à recourir à la chirurgie esthétique.
Le cas particulier de l’orthodontie
Les adolescents sont bien souvent attirés par des traitements plus classiques pour améliorer leur apparence physique, comme le blanchiment dentaire ou l’orthodontie. Contrairement à la chirurgie esthétique, ces procédures sont généralement moins lourdes, moins invasives et sont recommandées à l’adolescence : certaines méthodes d’orthodontie comme le traitement par aligneur dentaire permettent d’améliorer le sourire de l’adolescent sans risque de conséquences.
Comprendre l’adolescent pour mieux l’orienter
Bien que les médias sociaux aient considérablement contribué à la hausse de la chirurgie plastique, les adolescents ont recours à cette dernière pour diverses raisons, allant de la nécessité de remédier à un problème de santé, en passant par une caractéristique susceptible de leur faire manquer de confiance. Il est important de comprendre les motivations de l’adolescent pour la chirurgie et de veiller à ce qu’il subisse une évaluation préopératoire approfondie afin de s’assurer qu’il est un candidat approprié à la procédure souhaitée.
Malgré sa popularité croissante, la chirurgie plastique chez les adolescents souffre d’un manque de lignes directrices et seuls les chirurgiens qualifiés ont aujourd’hui la capacité de déterminer quand une procédure est appropriée.
Les consignes les plus notables sont les considérations relatives à l’âge, qui varient en fonction de chaque procédure et de la croissance et du développement de la zone du corps concernée. En outre, les praticiens renforcent les mesures importantes à prendre pour évaluer les patients mineurs, notamment avec l’obtention du consentement des parents, la détermination de la maturité physique et émotionnelle du patient et la discussion autour des désirs, objectifs, risques, évolution postopératoire attendue, limitations et complications de la procédure.
Les directives pour les procédures les plus populaires
La rhinoplastie, assortie ou non d’une génioplastie : chez les enfants et les adolescents présentant des malformations nasales significatives, le remodelage du nez peut être recommandé. Toutefois, il faut attendre la fin de la croissance du nez, généralement vers 18-20ans. Dans certaines situations, telles qu’un enfant avec une fente labiale, une rhinoplastie peut être pratiquée à un plus jeune âge.
La réduction mammaire, pour perdre en masse au niveau des seins : pour réduire les douleurs au dos et au cou, la réduction mammaire est couramment pratiquée chez les adolescentes. Cependant, il est important de s’assurer que la chirurgie est effectuée après le développement mammaire de la patiente, généralement entre 17 et 19 ans. Par ailleurs, la gynécomastie peut être un problème temporaire chez les adolescents de sexe masculin et peut être parfois traitée par une réduction mammaire si elle n’a pas été résolue au début de l’adolescence.
L’otoplastie pour les oreilles décollées : la chirurgie visant à corriger les malformations de l’oreille peut être pratiquée dès l’âge de 6 ans, car c’est à ce moment que l’oreille est presque complètement développée.
La liposuccion, également appellée liposculpture : à moins d’être réalisée dans le cadre d’une chirurgie de réduction mammaire, il est déconseillé à un adolescent de subir une cette intervention. La liposuccion se pratique également chez les hommes.
L’augmentation mammaire par prothèse : les adolescentes présentant des malformations thoraciques peu fréquentes ou une asymétrie mammaire congénitale sont généralement les seules candidates à l’augmentation mammaire, qui dans ce cas relève de la reconstruction mammaire. Pour tous les cas esthétiques, il est préférable d’attendre la majorité.
Quoi qu’il en soit, tout patient adolescent devrait consulter un chirurgien plastique et esthétique qualifié pour évaluer son besoin et la possibilité d’une procédure appropriée.